Programmation

Je veux connaître les déplacements de mes concitoyens ; voir où leurs itinéraires s'entrecroisent ; leur faire ressentir comment, en traçant ses allées et venues sur une carte, on peut se projeter dans le territoire et prendre conscience de la façon dont on le perçoit et le comprend ; montrer qu'en émergeant, ce dessin peut apporter une meilleure compréhension de la ville et de ses occupants.

Prenant la forme d'ateliers de création, mon approche s'apparente aux mouvements de cartographie sociale, qui visent la construction de savoirs collectifs par et pour les habitants d'un territoire donné. Mon outil de médiation : un jeu d'étampes gravées. Reprenant des signes et symboles empruntés au langage cartographique, cet ensemble constitue une légende, un alphabet que les participants peuvent s'approprier pour représenter leur territoire personnel. Mon matériel, rudimentaire, tient dans un sac.

Puisque mes ateliers s'adressent au grand public, les participants sont parfois intimidés par le geste de création. Mais il y a quelque chose de spontané, de compulsif dans l'action d'imprimer. Le geste, d'abord hésitant, se transforme soudain en pulsion créatrice. La carte devient le support à une série d'histoires, d'anecdotes, de narrations ; un prétexte pour créer des liens tout en réfléchissant à la façon dont on occupe, traverse, s'approprie et se partage le territoire. Le Quartier des spectacles, un confluent culturel et social en pleine mutation, serait un terreau fertile pour ce genre d'intervention.