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Programmation

ALTÉROPHILIE ou Les Jeux de Force de Fritta Caro

Première occupation : L'ARRACHÉ

comprend une série de performances débutant par L’ARRACHÉ, une occupation du Parc des Hommes-Forts pour laquelle Les jeux de force de Fritta Caro vont mettre à l’épreuve les identités qu’elle convoque.

Sous-événement de

AU TRAVERS DE : incursions, gestes et postures

Une programmation présentée par le collectif L'Araignée (Kamissa Ma Koïta, karen elaine spencer, Helena Martin Franco, Noémi McComber)



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Première occupation : L'ARRACHÉ

au Parc des Hommes-Forts, (intersection des rues de Courcelles et Saint-Antoine Ouest, Saint-Henri)

19 août à 17h00 (durée approximative 1h30)

→ TUTORIEL 

Altérophilie ou Les jeux de force de Fritta Caro comprend une série de performances débutant par L’arraché, une occupation du Parc des Hommes-Forts pour laquelle Les jeux de force de Fritta Caro vont mettre à l’épreuve les identités qu’elle convoque.

Dans un contexte social tendu où les demandes de reconnaissance émergent dans le milieu culturel, Caro s’expose au choc des stéréotypes et des classements politiques de son corps – femme, artiste, immigrante, personne de couleur, latino, artiste de la diversité, minorité invisible, citoyenne d’origine étrangère. Cherchant à déjouer et à contourner les pièges qui la guettent, elle remet en question les approches institutionnelles de l’altérité et les nous autres qui définissent eux autres.

Fritta Caro est une fiction qui peut se concevoir comme un de mes alter ego. Ce personnage est né en 2007 à Côte-des-Neiges, un des quartiers de destination des nouveaux arrivants à Montréal. L’histoire de Fritta Caro est composée d’une succession d’actes d’accommodements qui vont de l’adaptation au mode de vie québécois à la redéfinition de ses attentes et de son avenir en cette terre promise. La concrétisation de ces ajustements passe inévitablement par un remaniement accéléré de l’identité. Pour rendre visible ce mécanisme d’intégration, Fritta Caro adopte le stéréotype de l’artiste latino-américaine et s’habille avec un uniforme d’athlète canadienne. Ce collage de références culturelles et d’identification nationale exprime les incohérences d’un cheminement superficiel d’intégration et l’adoption d’une identité factice.

Après des années d’interventions dans les lieux publics (rues, centres d’achat et centres de diffusion d’art), j’ai voulu mettre fin à la vie de ce personnage. Prise entre le dépit face à l’identité nationale d’origine et les enjeux liés au territoire que j’habite, les symboles nationaux sont devenus des outils d’expressions lourds. Je les considère encore comme des barrières pour un dialogue fluide et déhiérarchisé. C’est pourquoi j’ai voulu me débarrasser d’elle, la Caro, de cette fiction qui porte sur son corps des conventions territoriales. Or, à chaque effort, on me rend ses morceaux (Identité et identification, Québec, 2015). À une occasion, elle a été vendue dans un encan (Sainte-Thérèse, 2010), mais l’acheteur m’a laissée plantée là. La rencontre était ratée et la promesse d’un échange du personnage contre dix pots de confitures de vraies fraises québécoises n’a pas eu lieu. J’ai l’impression d’être arrivée à une croisée des chemins : ou bien la Caro veut simplement rester avec moi, ou bien les questions qu’elle incarne ne sont pas encore résolues.

En 2015, dix-sept ans après mon arrivée à Montréal, le sentiment d’appartenance que j’avais construit était remis en cause. J’ai réalisé à ce moment que la participation des personnes issues des « communautés culturelles » aux manifestations étudiantes du printemps érable de 2012 étaient demeurées invisibles à un grand d'observateurs, de façon beaucoup plus importante que je ne me l’imaginais. J’ai alors compris à quel point notre implication dans les enjeux politiques demeurent invisibles pour une grande partie de la société d’accueil. Devant ce fait, le clivage entre nous et les autres, reste incontournable. C’est décourageant que de se faire dire subrepticement « je suis ici et vous êtes là, occupé.es à vous intégrer ». Pour rendre visible cette perception trouble de l’autre, je me suis engagée avec Fritta Caro à développer la série Minorités invisibles, un corpus précédent qui a semé la base d’Altérophilie ou Les Jeux de force de Fritta Caro.

Helena Martin Franco

http://frittacaro.helenamartinfranco.com/fr/
http://laboratoire.laraignee.ca/fritta-caro/

Helena Martin Franco, née à Cartagena, en Colombie, vit et travaille à Montréal depuis 1998. Titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal, elle s’implique activement dans le réseau des centres d’artistes autogérés à Montréal. Elle fait partie de plusieurs collectifs de diffusion d’arts visuels, dont un au Québec : L'Araignée, collectif de diffusion d'art actuel. Dans une perspective de genre, elle établit des liens entre ces collectifs et des organismes culturels afin de favoriser la rencontre et l’échange des pratiques artistiques, notamment entre le Canada et la Colombie. Sa pratique interdisciplinaire explore le métissage des différents procédés artistiques et l’hybridation entre les techniques traditionnelles et les nouvelles technologies. Son travail s’articule autour du questionnement que suscitent les mutations des identités dans les milieux d’immigration. Il a été présenté en République dominicaine, en Espagne, en Nouvelle-Zélande, en Colombie, aux États-Unis, en Argentine, à Cuba et au Québec.