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Programmation

Chedly Boughedir

Sortie de micro-résidence à La HALTE

Chedly Boughedir était en résidence de recherche de deux jours à La HALTE.


Atelier participatif sur l'archive lenticulaire

16 novembre 2024 à 13h30

2515 rue Delisle, local 311

** Places limitées! Pour réserver votre place, veuillez écrire à comm@dare-dare.org


Dans le cadre de sa micro-résidence à la HALTE le 11 août et 31 août dernier, Chedly Boughedir s’est penché sur la notion d’archive à travers l’impression lenticulaire, une technique pour créer des images donnant l’illusion du relief. Guidé par une réflexion sur l’intermédialité, il explore l’aspect vivant des archives et l’influence de l’espace sur leur réception.   

Durant sa résidence, Chedly s’est inspiré des livres de la collection et de l’environnement du Parc Sainte Cunégonde. Dans une logique de détournement, l'artiste a retravaillé les éléments sélectionnés de manière digitale pour créer des collages numériques servant de base à ses impressions lenticulaires.

Le 16 novembre prochain à 13h30 au 2515 rue Delisle (local 311), l'artiste animera un atelier participatif qui consistera à créer une planche lenticulaire unique à chaque individu. En suivant une logique de séquentialité, les participants pourront composer avec des vignettes lenticulaires produites par l'artiste au préalable. À la fin de l’atelier, chacun repartira avec le morceau d’archive lenticulaire qu'il aura créé. Cet atelier de sortie de résidence sera également l’occasion de discuter de la construction des archives et des formes de lectures critiques qu’elles suscitent. 



L’archive lenticulaire

Dans le cadre de la micro-résidence de DARE-DARE, j’ai développé une réflexion pratique sur l'archive, en me concentrant sur la technique de l'impression lenticulaire, qui me permet de créer une illusion de profondeur et de mouvement en fonction de l'angle de vue, permettant de superposer plusieurs fragments d'archive dans un même élément lenticulaire. Par cette approche, je cherche à concevoir une vision dynamique de l’archive, inspirée par l’historien Aby Warburg, fondateur de la bibliothèque Warburg, où l’archive était pensée comme un document en devenir. Cette réflexion s’appuie également sur Walter Benjamin, pour qui l’histoire ne doit pas être perçue comme un passé figé auquel le présent aspire, mais plutôt comme un champ dynamique en dialogue constant avec le présent (Benjamin, 1989, p. 405). Dans cette perspective, un objet historique peut être mieux compris dans un présent éloigné de son époque de création. Une archive n’existe donc pleinement que lorsqu’elle est utilisée et interprétée (Lessard, D., Klein, A. & Lemay, Y., 2013). Cette approche benjaminienne inscrit l’archive dans une perspective postmoderne, où elle est perçue comme le résultat d’une construction sociale (Klein, A. & Lemay, Y., 2014). En ce sens, la création artistique joue un rôle essentiel : elle rend l’archive tangible et la réactualise. Mon choix du lenticulaire me permet donc de créer une fusion et une tension entre ces images et textes. J’utilise cette spécificité du lenticulaire pour ajouter aux fragments d’archive des images du lieu où j’ai consulté ces ouvrages, car, dans une lecture postmoderne des archives, le site et la situation dans lesquels ces ouvrages sont étudiés deviennent des éléments tout aussi importants à prendre en compte. J’ai sélectionné divers ouvrages et éléments de l’environnement du parc Sainte-Cunégonde, lieu de la résidence, que j’ai retravaillés à l’aide de l'outil Photoshop. Dans une logique de détournement, j'ai transformé ces éléments pour créer des collages numériques, matérialisés par l’impression lenticulaire. Dans ces compositions d’archives lenticulaires, j’ai intégré des personnages et des bulles de dialogue qui isolent le texte. Je rends sensible et visible, par-là, cette « voix » que j’ai donnée à mes fragments d’archives lenticulaires. Pour Verne Harris, archiviste, « les documents d’archives ne parlent pas par eux-mêmes. Ils parlent à travers des voix » (1997). Comme établi précédemment, l’archive ne prend forme que lorsqu'elle est utilisée. C’est dans ce contexte que la fin de ma résidence a consisté en un atelier où j’ai proposé d’utiliser ces fragments lenticulaires. L’atelier consistait en la création d’une planche lenticulaire à partir des vignettes que j’avais produites au préalable. Ces planches étaient propres à chaque individu et portaient leur propre « voix ». C’est dans cette réutilisation et cette appropriation (à la fois physique et symbolique) des fragments d’archives lenticulaires que mes objets prenaient vie à leur tour, car ils ne m’appartenaient plus et ne portaient plus principalement ma « voix ».


Bibliographie

Benjamin, Walter. Paris, capitale du XIXe siècle. Paris : Les Éditions du Cerf, 1989.

Harris, Verne. « Claiming Less, Delivering More: A Critique of Positivist Formulations on Archives in South Africa. » Archivaria, no. 44 (1997) : 135.

Klein, Anne, et Yvon Lemay. « L’exploitation artistique des archives au prisme benjaminien. » La Gazette des archives, no. 233 (2014) : 47–59.

Lessard, Denis, Anik Klein, et Yvon Lemay. « La salle de traitement des archives : trois regards, trois perspectives sur l’art et les archives. » ETC, no. 98 (2013) : 60–63


Chedly Boughedir

Chedly Boughedir est un artiste-chercheur originaire de Tunisie et actuellement résident à Montréal. Son travail se concentre sur l'exploration des interactions entre la bande dessinée, le glitch et les outils numériques. Il a obtenu sa licence en design produit en 2016 et son master de recherche en 2021, tous deux à l'Institut des Beaux-Arts de Tunis. Par la suite, Chedly a créé l'installation Glitchy Moon, qui a été présentée pour la première fois à Tokyo en 2023 lors du « Gesai 22 », faisant de lui le premier artiste d'Afrique du Nord à participer à cet événement d'art contemporain. L'œuvre a ensuite été exposée à Tunis en 2023 à la galerie d’art TGM Gallery, puis à Toronto en 2024 lors du colloque Fragmentation à l’Université de Toronto.

Dans le cadre de son doctorat en recherche-création à l'Université de Montréal, entamé en janvier 2024, Chedly théorise et travaille sur le concept de "Glitch Comics". Sa réflexion et sa pratique s'inscrivent dans les courants de l'intermédialité et du post-digital comics.