Programmation
Geneviève Thibault
Note à moi-même
Mes projets de création questionnent, à travers une réflexion sur l’habiter, les [soi-disantes] frontières entre l’espace public et l’espace privé, l’identité et l’altérité, le territoire intime et le tissu social, ainsi que les forces à l’œuvre dans l’acte d’habiter.
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Depuis quelques temps, il n’y a plus de petits papiers jaunes de forme carré qui parsèment la cuisine chez ma mère. Elle oublie qu’elle doit se rappeler ou elle accepte d’oublier. Je ne sais plus. Dans le cadre de ce projet d’écriture, j’ai envie de crier ma propre peur qu’elle [m’] oublie et que j’oublie à mon tour en traduisant le mémo dans l’espace public. Une fois étalées et exposés aux regards, les mots [maux] personnels deviennent-ils plus réels, moins jetables, universels, apaisés ? Qu’advient-il lorsque l’intérieur s’expose ? Comment passer de la forme du mémo à l’enseigne tout en préservant l’ADN des écrits du quotidien ? À travers ce qui m’apparaît comme un processus personnel d’acceptation, j’explore différentes mises en forme de l’oubli comme la répétition, la fragmentation et la perforation des écrits.
Mes projets de création questionnent, à travers une réflexion sur l’habiter, les [soi-disantes] frontières entre l’espace public et l’espace privé, l’identité et l’altérité, le territoire intime et le tissu social, ainsi que les forces à l’œuvre dans l’acte d’habiter. Ma pratique se déploie en relation avec l’altérité, dans les environnements domestiques que je visite à l’improviste. Le confinement de 2021 m’a conduite sur des chemins introspectifs creusés par l’écriture, m’amenant par le fait même à réfléchir à l’intérieur depuis l’intérieur. Au corps et à la maison. Non pas dans une perspective de repli, mais plutôt dans un mouvement circulatoire entre le soi et son contexte. J’utilise la photographie, la vidéo, l’installation et l’écriture pour donner forme à mes questionnements dans différents espaces, publics ou privés, réels ou virtuels.
Geneviève Thibault
Native de Matane, Geneviève Thibault a choisi d’étudier la photographie, les études autochtones et l’ethnologie pour réfléchir à l’habiter et ses enjeux. Elle est boursière au Conseil des arts du Canada, au Conseil des arts et des lettres du Québec et lauréate 2019 du Prix international des Nouvelles Écritures (Freelens, France). Ses projets photographiques ont été diffusés dans le cadre d’événements et d’expositions individuelles au Québec et en Ontario. Depuis l’intégration de l’écriture à sa pratique, durant le confinement de 2021, sa poésie et ses textes critiques ont été publiés par Le Sabord, Esse, Espace art actuel, le centre VU et les Presses de l’Université du Québec. Elle enseigne la photographie au Cégep de Matane tout en poursuivant à distance une maîtrise en pratique des arts à l’Université du Québec en Outaouais.