Programmation
Internationale Virologie Numismatique
Horatio Nelson : 1758-2002
Horatio Nelson: 1758-2002 est une intervention orchestrée par l'Internationale Virologie Numismatique (IVN), une désorganisation qui s'intéresse à la subversion et au détournement des concepts de pouvoir, d'aliénation et d'oppression.
Mémoire vive
Initié par DARE-DARE en collaboration avec le Centre d’histoire de Montréal, Mémoire Vive dessinait un cadre de réflexion réunissant des artistes et des intervenants du domaine du patrimoine.
Horatio Nelson: 1758-2002 est une intervention orchestrée par l'Internationale Virologie Numismatique (IVN), une désorganisation qui s'intéresse à la subversion et au détournement des concepts de pouvoir, d'aliénation et d'oppression.
Entre la plaisanterie, le sabotage et le geste politique radical, l'action de l'IVN, autour du monument le plus ancien et le plus controversé de Montréal, commence par une mise en valeur «rehaussant» le monument commémoratif dédié au fameux amiral britannique Horatio Nelson. Cet acte simple, voire minimal, trouvera écho dans la ville, sur la place publique. En intervenant à même la collection du Centre d'histoire de Montréal, l'IVN souhaite stimuler un dialogue sur les stratégies appliquées par les pouvoirs et les contre-pouvoirs quant à la récupération de l'art public comme support idéologique.
L'Internationale Virologie Numismatique est une cellule anarcho-utopiste fabriquée par Mathieu Beauséjour, artiste indisciplinaire, qui propose des actions de résistance concrète comme le parasitage de billets de banque et la diffusion de slogan par le biais de tampons encreurs et de cartes postales. En s'immisçant dans notre quotidien, la force de résistance que l'IVN déploie nous gagne par contagion. Puisque la résistance prend racine dans un discours imaginaire, elle recèle étrangement, par la créativité qu'elle emploie à subvertir, un potentiel révolutionnaire qu'un «vrai» discours militant ne parvient pas à dégager.
Mathieu Beauséjour présente son travail régulièrement depuis le milieu des années 90. Son projet Survival Virus de Survie (1991-1999) a été présenté dans divers lieux au Québec, au Canada et en France. Il a récemment bénéficié d'une résidence au Centre Culturel Canadien à Paris organisé par Quartier Éphémère (2000). Depuis 1999, il travaille au projet Internationale Virologie Numismatique, qui s'est manifesté notamment à Skol durant Les Commensaux (Montréal, 2001) et à Glassbox (Paris, 2002). Il est récipiendaire de bourses de création du CALQ et du CAC. Il est aussi travailleur culturel (à la Galerie Clark et au Regroupement des Centres d'Artistes Autogérés du Québec), anarcho-utopiste et gardien de zoo.
Communiqués
UN VOL DE DYNAMITE (24 juillet 2002)
On a constaté lundi soir le vol d’une œuvre d’art de l’Internationale Virologie Numismatique
Sur la Place Jacques-Cartier à Montréal se trouvait exposée jusqu’à lundi soir une sculpture de l’IVN représentant des batons de dynamite. Cette œuvre commémorait un fait historique de 1893 où quatre jeunes dynamitards avaient tenté, sans succès, de faire sauter le monument Nelson. Faut-il rappeler que ce monument avait été, et est toujours, source de controverse auprès des résidants de la ville: Pourquoi en sol montréalais ce symbole de l’impérialisme britannique?
« Il est vrai que le projet appelait à une telle réaction », fait remarquer Mathieu Beauséjour, instigateur de l’IVN. « Les interventions de l’IVN auprès du monument Nelson voulaient raviver la mémoire du débat qui l’entourait. Je constate que cela a été réalisé. J’espère que ce geste avait une motivation politique... ou du moins esthétique! »
L’IVN lance un appel au voleur ou aux voleurs de rapporter la sculpture intacte au Centre d’histoire de Montréal. Aucune poursuite ne sera entamée contre les personnes. La police a été avertie du vol.
L'AFFAIRE DU MONUMENT NELSON
Des dangers beaucoup plus sérieux et beaucoup plus graves que l'existence du monument Nelson nous menacent.
Ces mots furent prononcés par l'honorable juge Dugas lors de la sentence de quatre jeunes dynamiteurs, qui avaient tenté de faire « sauter » le monument Nelson le 20 novembre 1893.
Lors de sa visite au Centre d’histoire de Montréal en octobre 2001, l’IVN découvre le monument original de Nelson. Détail curieux: la statue, taillée à l’effigie du vaillant combattant, gisait à même le sol. Elle était présentée comme un artefact urbain, à côté de pièces historiques de mobilier public. L’IVN décide d’enquêter.
Le monument dédié à l’amiral britannique Horatio Nelson est le plus ancien monument de Montréal. Installé sur la place Jacques-Cartier en 1810, il rend hommage au héros de guerre qui fut tué au combat en remportant la victoire à Trafalgar contre Napoléon en 1805. En apprenant la nouvelle lors d’un bal, la société bourgeoise de Montréal s’était écriée « Un monument ! ». Plusieurs péripéties ont ensuite jalonné la vie de la statue pour en faire le monument le plus controversé de l’histoire de Montréal. Encore aujourd’hui, selon le personnel du Centre d’histoire, des visiteurs expriment régulièrement leur mécontentement de voir ce symbole de l’impérialisme britannique conservé en ses murs.
Suite à son investigation, l’IVN conclue d’agir et rehausse d’un piédestal plaqué de feuilles d’or le monument original pesant 2000 livres. Un mois plus tard, le 1er juillet, jour de la Confédération, l’IVN récidive au pied de la colonne Nelson, sur la place Jacques-Cartier dans le Vieux-Montréal. L’intervention de l’IVN fait cette fois référence à une tentative d’attentat perpétrée contre le monument en 1893.
La contradiction même des deux gestes posés par l’IVN nous révèle qu’en effet des dangers «beaucoup plus graves que l’existence du monument Nelson nous menacent». Car le véritable sujet de toute cette affaire n’est pas le monument Nelson mais bien tout ce qu’on dit et fait autour du monument commémoratif.
Horatio Nelson 1758-2002, une intervention de l’Internationale Virologie Numismatique à voir jusqu’au 22 septembre 2002 au Centre d’histoire de Montréal et au pied de la colonne Nelson sur la place Jacques-Cartier dans le Vieux-Montréal, à partir du 1er juillet pour une durée de vie indéterminée.