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Programmation

Janice Rahn

She Cast Herself Adrift

Une installation où on retrouve notamment la photographie, la sculpture, les textes écrits par l’artiste, et un ensemble d’artefacts mettant à profit diverses techniques telles que la photogravure, la photo-sérigraphie et la gravure.


Ouvrant un jour un tiroir de sa commode, elle me fit voir des poèmes et des cadeaux qui dégageaient un parfum suranné. L’amoureux de son enfance, laissé derrière elle en Irlande des années auparavant, ne l’avait jamais oubliée. À chacun de ses anniversaires, il composait pour elle des poèmes qu’il lui envoyait en les accompagnant d’une écharpe de soie ou d’un bijou. Ces objets jamais portés, cachés pêle-mêle au fond d’un tiroir, ne cadraient pas avec l’image de la mère que je connaissais. Cette mère au sens pratique, qui avait pleuré le jour où je lui avais annoncé que j’abandonnais le calcul intégral au profit de l’art. «Tu brûles tes ponts. On doit toujours se garder plus d’une porte ouverte!»

Le travail de Janice Rahn repose sur la création de contenus fictionnels à partir du sentiment bien réel de son appartenance à un lieu physique et géographique, à une communauté sociale et culturelle. Depuis trois ans, l’artiste enquête sur ses propres origines, répertorie son patrimoine familial, ouvre le tiroir des souvenirs et des sensations de son histoire personnelle. A l’aide de fragments d’histoires réelles et inventées, elle installe dans son oeuvre les fondements d’une trame narrative qui dessert et poursuit le projet de dresser un portrait d’elle-même et des membres de sa famille.

She Cast Herself Adrift est une installation où on retrouve notamment la photographie, la sculpture, les textes écrits par l’artiste, et un ensemble d’artefacts mettant à profit diverses techniques telles que la photogravure, la photo-sérigraphie et la gravure. Une table en constituait la pièce centrale, sur laquelle était inscrit le texte-clé de l’œuvre. La démarche narrative gravitait autour des trajectoires écartées dans une vie. Ce sont ces «vies avortées» que racontait l’artiste et pour conduire ce projet de pure fiction, elle sollicitait la participation du spectateur. Elle mettait à sa disposition des cartes à l’endos desquelles figuraient des fragments d’histoires. Le public pouvait assembler et compléter à sa guise ces bribes de vies, ces petites histoires qui auraient pu arriver.

La publication qui accompagne cette exposition est produite par l’artiste.


Janice Rahn détient une maîtrise en Beaux-arts (techniques d’impression) de l’Université Concordia et poursuit actuellement ses études au doctorat en enseignement des arts. Elle a exposé au Québec, en Ontario, en Colombie-Britannique, au Yukon, dans les territoires du Nord-Ouest canadien, ainsi qu’en Italie et au Japon.