Programmation
JENNY CARTWRIGHT
1312 entraves au droit de manifester
Nous encerclant pendant des heures, les policiers nous ont refusé de l’eau, l’accès aux toilettes, les vêtements chauds qu’on nous apportait. La Ville a reconnu ses torts, mais les excuses sont tièdes et décevantes, bien campées dans cette époque où des mots comme intersectionnel et systémique font peur aux puissants.
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Le 5 avril 2013 j’ai été, comme près de 300 autres personnes, « souriciée » par le SPVM lors d’une manifestation contre l’inique règlement P-6. Nous encerclant pendant des heures, les policiers nous ont refusé de l’eau, l’accès aux toilettes, les vêtements chauds qu’on nous apportait.
Peu après mon arrestation, je suis devenue la représentante de l’une des 16 actions collectives intentées en réponse à ces arrestations abusives et arbitraires. 10 ans plus tard, une entente a été conclue : la Ville de Montréal versera 6 millions de dollars aux arrêté·es.
La Ville a aussi reconnu ses torts. Mais les excuses sont tièdes et décevantes, bien campées dans cette époque où des mots comme intersectionnel et systémique font peur aux puissants. Il nous a fallu une importante couverture médiatique soulignant le fait que les excuses étaient enfouies dans un recoin de leur site Internet, dans un document PDF sans date, sans entête et sans signature pour que Valérie Plante accepte finalement de les prononcer du bout des lèvres, restreignant la privation de nos droits fondamentaux et la brutalité policière à la seule année 2012.
Pour ce projet, j’ai voulu donner à leur texte l'existence dans l’espace public qu’on lui a nié en imaginant une « traduction » des excuses de la Ville, de mon point de vue.
Merci à David Cherniak et à Marie-Hélène Racine pour leurs précieuses relectures.
Les excuses de la Ville
« Entre 2011 et 2015, divers mouvements de contestations sociales ont entraîné d’importantes manifestations à Montréal.
Dans le cadre du règlement hors cours de 16 actions collectives pour lesquelles la Ville de Montréal est poursuivie dans ce contexte, celle-ci reconnaît que certains gestes posés par les forces policières et par l’administration municipale à l’égard des participantes et participants aux manifestations visées par les présentes actions collectives ont porté atteinte à certains de leurs droits fondamentaux, leur causant ainsi des dommages.
C’est pour cette raison que la Ville de Montréal offre publiquement ses excuses à toutes ces personnes. »
Jenny Cartwright
Jenny Cartwright explore les thèmes de l’autodétermination et des inégalités à travers des sujets tels la gentrification, le militantisme, le travail et la pauvreté. C’est à travers ce parti pris pour les personnes mises à l’écart qu’elle tente d’allier poésie et manifestes. Si elle se questionne constamment sur la façon de raconter, passant d’une forme classique au film expérimental et de l’installation à la création sonore, sa pratique reste résolument documentaire.