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Programmation

L'Algèbre d'Ariane

Projet d'échange et de coopération Liège / Montréal

L'algèbre d'Ariane est un projet d'échange Liège-Montréal qui explore les liens entre les pratiques artistiques, entre les espaces singuliers, entre l'Un et Autrui, entre la sphère privée et la sphère publique.


Café liégeois

Le Café liégeois vous accueille et vous présente « L'Algèbre d'Ariane »: une expérience coopérative et relationnelle entre douze artistes. Le premier volet vient d'avoir lieu à l'espace Les Brasseurs à Liège (Belgique) et le second se déroulera Montréal en octobre prochain.


Volet belge (Liège)


Projet d'échange et de coopération Liège / Montréal

Instigateur du projet : Stéphane Gilot

Coordonnatrice : Caroline Boileau

Artistes montréalais : Caroline Boileau, Loly Darcel, Raphaëlle de Groot, Stéphane Gilot, Massimo Guerrera, Yvonne Lammerich

Artistes liégeois : Mélanie Cüpper, Alain De Glerck, Emmanuel Dundic, Pierre Gérard, Christophe Gilot, Pascal Pagnani.

Collaborateurs : le centre Les Brasseurs à Liège, le Conseil des Arts du Canada (Aide à la diffusion), l'Agence Québec-Wallonie/Bruxelles pour la Jeunesse (AQWBJ); le trimestriel d'art contemporain belge Flux News, La Délégation du Québec à Bruxelles, la Communauté Française de Belgique et la Bibliothèque Les Chiroux, Liège.


Qui serions-nous? Imaginons de (re)jouer au magasin. Voici alors les bureaux, les comptoirs, les produits, le service à la clientèle, la publicité, la comédie de la vente, les habitudes de consommation, la gestion des stocks, etc. Peuvent alors entrer en jeu les espaces d'accueil et de vente en tout genre : restaurants, espaces santé, sportif et récréatif...

L'algèbre d'Ariane est un projet d'échange Liège-Montréal qui explore les liens entre les pratiques artistiques, entre les espaces singuliers, entre l'Un et Autrui, entre la sphère privée et la sphère publique. Le défi des artistes consiste à vivre une expérience coopérative tout en tenant compte des spécificités culturelles, historiques et socio-politiques de chaque ville, de chaque site. Ces caractéristiques peuvent être contrecarrées, amplifiées, déconstruites, déjouées...

Le premier volet s'est tenu en février 2000 à l'Espace Les Brasseurs de Liège, un ancien bâtiment d'entreposage de quatre étages converti en espace d'exposition. Pour la deuxième manche du jeu, le choix du quartier Hochelaga-Maisonneuve s'est imposé dans l'optique d'intervenir hors du périmétre «obligé» de la vie culturelle du centre de Montréal. L'histoire de ce quartier en transformation alimente une nouvelle fiction, différente de celle élaborée à Liège. Tandis que de nombreux bâtiments de pierres témoignent de son passé faste, l'abondance des commerces et des logements vacants sont autant d'indices de sa situation économique précaire. Ces lieux en attente sont ancrés dans la vie du quartier et font partie intégrante du tissu social. En occupant trois de ces locaux libres, soit deux magasins avec vitrines et un appartement, les artistes de L'algèbre d'Ariane s'infiltrent dans le quotidien des habitants pour y tisser des rencontres. Les onze artistes ont ce point commun: ils génèrent tous des interventions qui soulignent l'importance de l'engagement du visiteur. Ces pratiques «engageantes» proposent au visiteur des expériences ou ses choix et son parcours donnent sens et vie aux interventions.


À différents degrés, les artistes du projet proposent une conception différente de l'échange : en « s’immergeant » dans le monde social, et en immergeant en retour le spectateur/visiteur dans le monde de l'art.

Caroline Boileau (Montréal) est fascinée par le concept de contenant ainsi que par sa relation au corps. Son travail à ce sujet génère une réflexion centrée sur le domaine médical, sur la construction et la compréhension de ce qui constitue l'être humain. La vulnérabilité de l'entité corps-esprit historique et médical sont plus que jamais au centre de sa démarche. A partir de fioles de verre provenant de la masse énorme des déchets médicaux, elle façonne des objets dont l'usage reste encore  à définir.  Son  travail tout en fragilité et en translucidité lui permet une « mise en lumière » des mécanismes qui régissent le monde médical.

Mélanie Cüpper (Liège) propose des interventions installatives et performatives qui rejouent  le grand thème du devenir et de la recherche de sens. Ces interventions dans le paysage, sa sculpture et ses installations témoignent d'un langage ayant le tranchant des contrastes extrêmes. En confrontant son utilisation de matériaux artificiels au paysage (désert d'Australie, plages espagnoles...), elle démontre l'humour de l'exilée volontaire en quête de la terre promise dans un désir compulsif de voyage. Ses productions récentes abordent l'aliénation, la monotonie des banlieues et le cauchemar de la cité surpeuplée.

Emmanuel Dundic (Liège) est un peintre méthodique et acharné. L'exercice de la répétition marque chaque instant, chaque pas du processus d'élaboration, et répond très exactement à la quête spirituelle de l'artiste. Il nous donne à vivre un univers obsessionnel et transcendant qui questionne le phénomène de la maladie qui est pour lui une source possible de lucidité dynamisante. Utilisant le texte écrit comme matière première, il le soumet à des « traitements » pour en extraire un nouveau langage. Empreintes de drame et de silence, les installations de l'artiste sont des lieux de l'exil intérieur.

Loly Darcel (Montréal) travaille sur la communication et sur l'importance de celle-ci face à ses dérives. Ses œuvres misent avant tout sur le rapport à l'autre, considéré comme fondamental dans la définition de sa propre identité. Ses interventions tendent de plus en plus vers le contact direct avec le public. Elles abordent les notions d'origine et de mémoire par exemple en récoltant le « souffle du spectateur ». Elles soulignent de façon à la fois souriante et poignante la nature de nos vies faites, tout comme la matière, de vide, d'absence et d'effacement, bien plus que de plein.

Alain de Clerck (Liège) allie sauvagerie et vulnérabilité dans un travail souvent monumental qui se déploie sur plusieurs terrains de confrontation : sur la place publique, dans le monde des fêtes populaires par un travail hybride de sculpture et de théâtre de rue, sur le terrain intime de la peur et de la folie. D'un ludisme déconcertant, la poésie que dégage les œuvres d'Alain De Glerck oscille entre le désir de communion et lutte contre toute aliénation.

Raphaëlle de Groot (Montréal) est un « agent double » très particulier qui infiltre le monde des bibliothèques et des réserves de musées (Purchase Library de New York, Musée des Hospitalières de Montréal, Bibliothèque Les Chiroux de Liège) pour y vivre une quête intime à la recherche du lieu indéfini et « inframince » où commence et où finit l'intimité. Elle développe des pratiques décalées (collectes d'empreintes, indexation de données, etc.) qui enrichissent en retour et à rebours d'une part, les utilisateurs des bibliothèques et des réserves et d'autre part les amateurs et les intervenants du monde de l'art.

Pierre Gérard (Liège) conçoit des installations d'une simplicité déconcertante en assemblant des objets et des petits tableaux issus du quotidien). Le spectateur qui s'approche semble se trouver impliqué dans quelque secret qu'il lui est donné de déchiffrer et dont les indices, disséminés çà et là dans le lieu, lui échappent en partie. D'une apparence anodine, les motifs sont loin d'être innocents : les images peintes distillent la douce cruauté de l'absence, la douleur soufflante de la solitude. Le travail de Pierre Gérard se caractérise également par une pratique performative où la recherche sonore (bruissements, rythmes et murmures) agit de façon prépondérante.

Christophe Gilot (Liège) produit une ligne de mobilier dysfonctionnel en métal galvanisé et oxydé, dont par exemple les « meubles en marche », les « tables ateliers », les « tables d'ennemis » pour les parents  et la « table d'ennui » pour l'enfant. Les dispositifs installatifs qu'il propose miment les ensembles de meubles pour les espaces de la cellule familiale où la misère relationnelle répond bien souvent à la misère du labeur industriel. Certains modèles intègrent des bandes son et vidéo. Un travail d'écriture poétique accompagne souvent les installations, présenté comme des fiches techniques pour ameublement.

Stéphane Gilot (Liège-Montréal) développe un jeu dont le plan et les enjeux se dévoilent au fil des installations réalisées. Cette recherche dynamise les interactions entre les champs de l'architecture et de la peinture (principalement par un travail sur le couple conceptuel Pan/Plan). Les différents moments de cette vaste fiction s'actualisent dans des jeux de construction qui questionnent les modalités du Visible et du Possible. Ils proposent aux visiteurs de ces sites de vivre des expériences anthropométriques entre mesure et démesure.

Massimo Guerrera (Montréal) intègre dans sa pratique la sculpture, la performance et les interventions publiques et impromptues. Par le biais de la vit compagnie Polyco, une fiction corporative dont il est le promoteur avisé, il propose une ligne de produits (mobilier, nourriture, objets ergonomiques, prothèses et dessins) axée sur la redistribution et le bien-être des clients-spectateurs. Par ses « postes de rencontre », il génère un espace de communication tout en laissant la liberté à ses usagers d'en définir les limites et les règles de perméabilité.

Yvonne Lammerich (Montréal) élabore une recherche autour du concept d'Espace. Sa peinture et ses installations architecturales et vidéographiques témoignent d'un travail conceptuel où les principales différentiations entre modernisme et postmodernisme sont redéfinies l'une par l'autre de façon rigoureuse et dans une économie de moyens saisissante. Les installations d'Yvonne Lammerich ont cette rare qualité d'allier densité du propos et justesse du matériau. Elles offrent le plaisir d'une écriture philosophique faite Lieux.

Pascal Pagnani (Liège) est un artiste pluridisciplinaire qui inscrit sa recherche « sur le terrain ». Il infiltre la société par le biais de sa pratique bien plus que de nourrir son art de motifs tirés de la société. C'est pourquoi ses installations et ses performances n'ont pas un caractère politique. Au contraire, le travail de Pascal Pagnani est un univers poétique unique, dont le langage s'adapte par la force de l'évidence à tous les médiums, principalement à la peinture, au dessin, à la recherche assistée par ordinateur, à l'installation et à la performance.