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Programmation

MAUDE S. PILON

Lectures publiques des instructions inhospitalières

Ces lectures, qui proposent une confrontation entre le textuel et le réel, se dérouleront, dans la salle d’attente, le corridor, le hall d’entrée, l’ascenseur, la cafétéria, la chambre du patient et le bureau du médecin d'un hôpital de Montréal.


(Intentions d'un projet qui n'a pas pu se concrétiser)

Plusieurs lectures publiques du texte Instructions inhospitalières de l'artiste Maude S. Pilon auront lieu en présence des patients et du corps médical.

Ces lectures, qui proposent une confrontation entre le textuel et le réel, se dérouleront dans la salle d’attente, le corridor, le hall d’entrée, l’ascenseur, la cafétéria, la chambre du patient et le bureau du médecin, d'un hôpital de Montréal.

Le texte qui comprend cent instructions inhospitalières a été spécifiquement écrit afin d'être lu à voix haute debout, assis ou à côté d'une chaise à l'hôpital. Elles portent une réflexion sur les comportements conditionnés et sur les rapports tacites de hiérarchie entre le soignant et le soigné en contexte hospitalier; à propos de la modification potentielle d’un lieu régi implicitement par des règles sociocomportementales ; à propos de l'ancrage textuel dans une réalité donnée afin de créer un décalage conflictuel ; à propos de la réception d'un texte et du mode psychoanticipatoire activé par les évocations dudit texte ; etc.

Le contexte hospitalier présente une multitude de schémas humains sous la bannière "relation de soin". Il semble intéressant de s'aventurer à la découverte sur ces avenues relationnelles. L'artiste a donc entreprit une série de manoeuvres plus ou moins hospitalières avec son projet Monochromes, réalisé en 2012 grace au soutien du centre d'artistes articule et du CHUM. Elle poursuit cette démarche avec son projet Instructions inhospitalières.

*** Veuillez prendre note que personne n’y est convié en raison du caractère de ces lieux semi privés. Tous ceux qui assisteront aux lectures auront préalablement été admis sur place en regard de la légitimité de leur fonction professionnelle ou conformément à leur pathologie et à la validité de leur carte d’hôpital. Les autres ne répondant pas à ces critères pourront cependant assister à la dernière lecture qui aura lieu dans un espace inhospitalier et dont les coordonnées seront communiquées dès le mois de mars 2014.


DARE-DARE et Maude tiennent à remercier Mathieu St-Gelais, représentant culturel du CHUM, et le comité Arts et Culture, sans qui le projet n'aurait pas d'espace, et donc n'aurait jamais eu lieu.

Maude S. Pilon écrit et manoeuvre. Elle se dit que « contextuel » et « in socius » sont des termes pratiques. Ses manifestations artistiques commencent ou finissent avec les mots. Maude prend plaisir à observer les effets du langage et à mesurer approximativement les différents interstices relationnels. Des manifestations de son travail ont eu lieu en France, aux États-Unis, en Angleterre et au Québec depuis 2002.


Compte Rendu : Les instructions inhospitalières de Maude S. Pilon
Par Jean-Philippe Luckhurst-Cartier

Projet aux multiples dénouements, les instructions inhospitalières de Maude S. Pilon aura fait de longues routes.

Artiste qui questionne le texte et son rapport au réel, Maude S. Pilon décortique le vecteur et le médiateur que peut être cet outil, autant dans sa manière de transpercer ses propres frontières que d'aller à la découverte du fonctionnement des choses.

Questionnant la réalité et la répercussion de projets artistiques sur des réseaux différents, Maude s'est d'abord penchée sur le rapport humain avec un sujet aussi quotidien que spécifique soit, celui de la santé. Plus précisément, elle réfléchit les relations administratives et poétiques d'une institution telle que celle de l’hôpital avec une entité encore complexe et critique soit, celle de l'être humain.

L'hôpital est un lieu que nous connaissons, que  nous avons fréquenté, à propos duquel nous avons entendu parler, et même débattu sur la place publique. Du personnel à l'universel, ce contexte que l'artiste parcourt ici se rapporte au labyrinthe des salles d'attentes aux salles de consultations, des tables de concertations jusqu'aux projets d'insertion des artistes en milieu de la santé. Pour observer et faire voir d'un autre angle les lieux connotés de ce réseau, Maude cherchait originellement à partager des mots qui remettent en question nos habitudes sociales et comportementales.

Attente, patient/lieu + temps, patient/soignant.

la médiation

les réseaux.

Les phrases qui devaient être lues à voix haute par l'artiste au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) sont regroupées aujourd'hui dans un recueil littéraire, elles énoncent des actions à poser par le lecteur ou la lectrice. La première préface avise d'abord que de publier Les instructions hospitalières s’avère une seconde option, une alternative palliant au refus de l’institution d’accueillir l’intervention de l’artiste.

Maude n'en est pas à sa première insertion, elle qui a déjà abordé l'attente et les relations des patients au lieu. Cette fois, son approche visait à étudier les liens entre les patients et les soignants, sans toutefois délaisser les thèmes précédents, inhérents à ce type de situation.

*

Dans le recueil Les instructions inhospitalières, au titre péremptoire, les mots nous indiquent des propositions d'actions. Classées et définies comme étant soit des remarques sur la couleur, des propositions sonores, des questions, des emplacements, des collections ou encore des adaptations locales, les phrases nous invitent par exemple à « (...) remplacer tous les objets de couleur indéfinie par des objets de couleurs » dans les corridors, dans l'ascenseur ou dans le cabinet du médecin. Toujours dans la suggestion, et dans l'intention originale de l'énoncer à voix haute par l'artiste sur place, on passe ainsi d'un exercice d'observation conceptuelle pour le public à des relations plus précises qui se définissent, entre autre, par écouter le cœur du médecin avec un stéthoscope. Certaines instructions sont d'ordre esthétiques et d'autres plus ambiguës, questionnant certaines conventions ou consensus présents dans l'univers hospitalier. Dans une instruction sur l'antagonisme et la synchronicité, les mots nous invitent à « appeler le médecin une fois prêt à le voir » ou plus humain en invitant le public (auditeur ou lecteur) à saluer les nouveaux  patients entrants. Du loufoque à l'absurde (« entonner une chanson à répondre »), en passant par l'introspection et l'analyse contextuelle (« demander au médecin s'il prend des médicaments, lesquels et à quel fréquence »), les instructions inhospitalières font état d'une synthèse des échos perçus intimement avec les humains, l'espace et la durée des expériences du patient à son expérience.

La désinfection des mains se retrouve sous l'instruction du rituel.

De par ses possibilités d'action et son potentiel de prise de conscience, l'œuvre de Maude S. Pilon questionne la zone mince de la réalité du public qui voit les mots prendre sens devant son écran des possibles. L'écrit devient un médium qui rejoint sa propre autocritique en passant par le constat des autres cadres.

Cependant, il est important de mentionner que le projet fut interrompu par des complications d'ordre administratives et de confort des patients, autant au CHUM, où de longues séances de consultation et de préparations avaient eu lieu, qu'à l'hôpital Maisonneuve, lieu des précédents projets de l'artiste.

Maude S. Pilon a donc dû se tourner vers un autre médium : l’opuscule imprimé ainsi qu'un autre réseau de diffusion : le centre d’artistes. Dare-Dare, figurait déjà parmi les collaborateurs du projet et s'intéresse d'emblée aux problématiques de l'art en milieu public. Le centre a donc supporté le projet du mieux qu'il a pu pour, au moins, amener un autre public, celui de l'art actuel, à réfléchir à ces questionnements.

Maude a fini par performer une lecture performative du plan de description du projet, dans la roulotte, devant des artistes, des acteurs du milieu de l'art et le public intéressé par les activités du centre d'artistes. L'art pour l'art.

En même temps, elle lançait la publication pour le réseau de la littérature.

Qui est le public de l'art dit public?

Qui accepte de réfléchir à des considérations d'ordre hospitalier dans un contexte public soutenu par une démarche artistique?

En réfléchissant à toute cette manœuvre, la définition du mot patient me faisait bien entendu penser à la patience et au temps, surtout lorsqu’on se trouve en salle d'attente ou en comité consultatif pour une telle démarche d'inclusion de l'art au sein de réseaux publics. Pourtant, patient, du latin patiens, signifie celui, ou celle, qui endure et même qui souffre. Intéressante nomenclature pour définir les usagers d'un système de la santé ou toute autre personne dans cette position.

C'est sur ce genre de réflexion que l’œuvre de Maude nous transporte. De la consensualité à la gestion de la santé elle demande en plus, à qui s'adresse le projet et comment nommer le public, l'usager de l'œuvre, de l'art, de l'hôpital, et même de Dare-Dare?

Autrement dit, il s'agit d'une métaphysique des protocoles.

Protocole étant l'ensemble des conventions qui déterminent le format et la synchronisation d'un message à échanger entre deux unités d'un réseau. LOCUTION : Protocole opératoire. Compte rendu d'une opération chirurgicale. On pourrait aussi parler de l'ensemble des règles à observer en matière d'étiquette.

- (Multi-Dictionnaire de la langue française -Québec Amérique)