Programmation
Movin' the charter 4
Dans movin‘ the charter, karen elaine spencer propose de disséminer dans l'espace public des extraits de la Charte des droits et libertés du Québec, qu’elle a retranscrit sur de grands panneaux de bois. En invitant des groupes de participant.e.s choisis à sélectionner des passages de la Charte qui résonnent particulièrement pour eux/elles, l’artiste s’approprie ensuite ces extraits afin de réaliser des écriteaux aux formats imposants, dont elle fera ensuite don à l’équipe de participant.e.s.
karen elaine spencer
karen elaine spencer propose de disséminer dans l’espace public des extraits de la Charte des droits et libertés du Québec, qu’elle a retranscrits sur de grands panneaux de bois.
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Comme quatrième itération de movin’ the charter, Sarah Chouinard-Poirier, Sheena Hoszko, Michelle Lacombe et jake moore ont livré un panneau portant l’article numéro 7 du CHAPITRE I de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne; LIBERTÉS ET DROITS FONDAMENTAUX, à la Régie du logement, le 1er juillet 2019. L’article a été traduit en langue Kanienʼkéha, la langue précédant les langues coloniales française et anglaise.
7. Sanònhskon nón:we senònhste.
7. La demeure est inviolable.
7. A person’s home is inviolable.
L’ordre des langues indique leur ordre d’apparition sur ce territoire, et chacune est précédée par le numéro qui indique la priorité de l’article dans la Charte. Si le mouvement sera complété par le dépôt du panneau à la Régie en ce jour de déménagement national du 1er juillet, il aura débuté il y a plusieurs mois par un engagement actif envers le sens du texte et l’objet physique dans une pratique du mouvement, du travail et du dialogue. Ces actions ont été menées par l’équipe ainsi qu’avec les gens avec qui nous partageons nos demeures, avec nos voisin.e.s et les multiples publics rencontrés alors que nous négociions la gestion de ce poids entre nous et à travers l’espace urbain. Le poids du panneau et son contenu sont réels ; ils interfèrent dans la promptitude du mouvement, imposent leur rythme et demandent notre attention. La lenteur et la difficulté de ces efforts collectifs actualisent notre responsabilité à prendre soin des droits et libertés qui sont présentement directement mises en danger par nos gouvernements.
Depuis la réception de l’objet de karen elaine spencer, nous l’avons bougé entre chacune de nos maisons. D’une porte à l’autre, nous avons cousu un fil entre nos demeures alors que nous cheminions à travers la ville. Nous sommes profondément conscientes, spécifiquement comme femmes blanches cisgenres, de la complexité de la notion de « demeure » et de
notre implication tant dans l’occupation de structures bâties que nous nommons « maisons » dans des quartiers en pleine gentrification que dans la violation de ce territoire en tant que colonisateur.trice.s. Nous avons tenté de renverser la cartographie de l’occupation européenne de Montreal/Tiohtià:ke/Moonyang, de Rosemont à la Petite-Italie, en passant par Ville-Marie et Hochelaga, traçant/marchant enfin la dernière ligne, cousant le dernier point jusqu’aux bureaux de la Régie du logement, dans le « Village Olympique ». Ce bâtiment fut originalement conçu comme une habitation pour athlètes lors des Jeux Olympiques de 1976 sous la gouverne du maire Drapeau et a depuis également servi d’habitation temporaire pour les demandeurs d’asiles traversant les frontières du territoire, maintenant appelé Canada. Son architecture, structurelle et sociale, suggère une pulsion de civilisation elle-même tendue et brutale. Ces architectures sont symboliques de l’accès au logement basé sur une idéalisation des corps validés à travers le capacitisme, le classisme, le genre, la nationalité, la suprémacie blanche et le racisme.
Les artistes souhaitent saluer et remercier Hilda Nicholas pour sa contribution à produire une traduction de ce droit fondamental en Kanienʼkéha, Paul Litherland pour la documentation sensible à venir et son talent exceptionnel, le collectif L'Araignée pour leur généreux appui à la production, et l’équipe de DARE-DARE pour son support continu et le souci de présenter des pratiques et des gestes performatifs critiques de l’espace, et bien sûr, karen elaine spencer pour avoir amené le mouvement plus loin.
Les photographies contenues dans ce communiqué ont été prises par les membres du collectif: Sarah Chouinard-Poirier, Sheena Hoszko, Michelle Lacombe, et jake moore. Paul Litherland documentera la livraison finale à la Régie du logement à l’aide d’une caméra 4x5. Il produira un négatif en couleur qui sera offert à karen elaine spencer.
Extrait tiré de :