Programmation
Nady Larchet et Stéphanie Nuckle
Laliberté & Boisjoly
Le projet en Duologie de Nady Larchet et Stéphanie Nuckle prend la forme de trames sonores et d’interventions furtives dans l’espace public.
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Les idées de limites, de frontières, de sortie des sentiers battus nous intéressent. Nous partons du principe que dans les milieux urbains et ruraux, le mobilier nous impose son utilité. En théorie, nous devons nous asseoir sur des bancs, suivre les routes et retourner à notre maison lorsque nous n’avons plus rien à faire. Nous voulons créer un objet performatif, ludique et tout-terrain qui puisse nous donner la force ou la résistance d’explorer nos lieux autrement.
Chacune d’entre elles en est à modifier un ancien sac à dos d’expédition. Les modifications apportées leur serviront à transporter un escabeau rétractable muni d’un système de captation traduisant l’environnement physique en sons de manière abstraite, ce qui pourrait constituer la trace principale de ces déploiements. Avec cet objet performatif, elles réaliseront en diptyque une série d’interventions furtives dans l’espace public et dans les non-lieux de leurs environnements distinctifs : Nady en Beauce et Stéphanie dans le Grand Montréal.
À travers la construction et l'utilisation de cet objet, elles tentent également d’observer les résultats de la mise en correspondance de divers univers. Par exemple, d’emblée elles ont choisi de faire coexister un objet (à la base utilitaire et industriel) avec le domaine public. Dans la construction du dispositif, il était évident aussi pour elles que cet objet serait mobile et portable, alors qu’en réalité, un escabeau est fait pour être utile à un endroit précis. Qu’est-ce que la rencontre de ces univers provoque ou propose? "Tout au long de nos réflexions et expérimentations, nous avons l’instinct d’associer des éléments ayant des connotations différentes. Ces associations viennent créer de nouveaux espaces de réflexions par leur rencontre."
Outre l’idée de l’escabeau, celle de l’abri leur importe beaucoup. Elles souhaitent que l’objet en question puisse leur servir de refuge clandestin dans l’espace public/naturel. "Si nous sommes à un endroit ou nous nous sentons bien, nous pouvons l’observer de plusieurs points de vue, l'apprivoiser, l’habiter, s’y poser. Nous pouvons déployer l’escabeau ou créer un abri temporaire pour inviter les gens à discuter."
L’objet/escabeau/abri pourra témoigner de ces parcours, des environnements où il a été déployé, des gens qu’il a rencontrés. "Nous voulons que cet objet performatif évolue au sein du temps et des observations. Un objet nomade, modulable, utilitaire, mais en même temps pas du tout."
Les interventions de Laliberté & Boisjoly sont rassemblées sur un site Web créé par les artistes.
Nady Larchet utilise les nouvelles technologies et fabrique également ses propres machines qui servent d’outils ou de dispositifs de présentation. Le son est un aspect important au sein de ses recherches, ainsi que l’apport technologique, qu'elle utilise et questionne à la fois. Elle se penche sur les notions de questionnement et de démonstration des répercussions qu’ont certains développements sociaux, politiques, économiques, écologiques et technologiques sur l’humain et son environnement. Dans son travail récent, elle s'est intéressée à la présence d’ondes, de signaux et de particules en suspension dans l'environnement, ainsi qu'aux impacts qu’ont ceux-ci sur nous, tout en posant un regard sur la responsabilité de l’humain face à ces présences invisibles.
La pratique interdisciplinaire de Stéphanie Nuckle conjugue l'art performatif, l'installation, le dessin, l'art imprimé ainsi que des méthodes d'altération et de détournement d'objets du quotidien. D'origine lavalloise, elle a une sensibilité particulière aux problématiques de la banlieue, de la ville et du développement de l’art actuel dans sa communauté. Ses projets sont donc axés sur différents types d'interaction humaine avec le territoire, en prenant en compte les jeux de langage, la mémoire collective, l'environnement, l'habitation et la cartographie comme sujets de recherche et d'expérimentation. Entre ville et banlieue, c'est par des interventions discrètes et appuyées qu'elle tente d'activer l'espace public et les non-lieux, le temps d'une marche, d'un parcours, voire d'une occupation.