Programmation

Supposer à l’œuvre d’art un regard et, plus encore, une sorte de préexistence à sa matérialisation, une «présence ailleurs», que le travail de l’artiste fait surgir: ces propositions fondent le rapport de Pierre Bellemare à son travail. Selon l’artiste, il y a dans l’acte de création un avant et un après. Entre ces deux moments, l’étape-charnière correspondant au «passage» de l’oeuvre de son état non visible à celui de sa visibilité pourrait se comparer à une fenêtre qui s’ouvre au regard et à l’intellection.

Dans la religion hindoue, le darsan est ce qui en réfère à la réciprocité du regard entre la divinité et le fidèle venu au temple. Bellemare compare la relation entre l’oeuvre et le spectateur au darsan, c’est-à-dire à un échange de regards entre l’objet d’art et la personne qui lui rend visite. En guise de temple, l’artiste se sert des locaux de l’Usine C, sur la rue Panet à Montréal, un lieu qui, avec ses poutres en ciment et en métal, ses planchers de bois et ses murs noirs, constitue un environnement approprié pour l’événement du regard.

Omniprésent dans le travail de Bellemare, le noir est discipline, concentration, silence, vide et voile. La pièce maîtresse abritée dans l’Usine C s’intitule L’autre autoportrait à la veste grise en forme de théâtre. Autoportrait qui permet, dit l’artiste, de renvoyer cette histoire de regards vers lui-même, vers les motivations fondamentales de son activité et de son identité d’artiste et surtout, vers ce qui constitue les éléments significatifs de son vocabulaire plastique.

Parallèlement chez DARE-DARE, quelque cinq cents dessins seront exposés. Ceux-ci sont attachés au corpus des œuvres figurant dans Petit, une publication qui a été produite par l’artiste et qui réunit une série de ses dessins à l'encre de Chine et de ses textes.

Le lancement de cette publication aura lieu le 19 octobre 1996, à la galerie DARE-DARE.

Une rencontre avec l’artiste aura également lieu entre 17 heures et 19 heures, à l’Usine C, jeudi le 31 octobre 1996.

Pierre Bellemare bénéficie d’une formation académique diversifiée (dessin et peinture au séminaire de Sherbrooke, histoire de l’art, philosophie, littérature française au Cegep Bourgchemin), qu’on peut repérer à travers les préoccupations de son travail. Depuis 1972, l’artiste a exposé à Montréal, au Québec et en France. À la tête de la maison d’édition Le pois mange-tout qu’il vient de fonder, Bellemare lance cette année, en collaboration avec Hedwidge Asselin et Huguette Cloutier une collection dont chaque ouvrage publiera conjointement les textes et les dessins d’un artiste. Pierre Bellemare vit et travaille à Montréal.