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Programmation

Suzanne Boucher

Dessins et peintures

D’une éloquence troublante, les œuvres sur papier de Suzanne Boucher communiquent le plaisir sensuel de dessiner.

Nous assistons à une fouille archéologique de sensations inconnues. D'une éloquence troublante, les œuvres sur papier de Suzanne Boucher communiquent le plaisir sensuel de dessiner. Cette série de dessins-peintures, fruits d'une germination récente, nous enlève les mots de la bouche.

Chez Suzanne Boucher, le plaisir de dessiner est animé par une fureur de peindre. L'artiste utilise de la peinture en crayon, technique à la fois souple et rigoureuse, dont elle récure les pigments avec de la térébenthine. La dilution du pigment instaure la transparence et le récurage fait ressurgir du hasard les signes anamnestiques de l'œuvre. Préalablement coloré de taches claires et lumineuses, le papier est fertilisé. Cette fertilité du support saturé - papier dont la soif a graduellement été étanchée - provoque l'éclosion de formes à caractère insolite. Que nous est-il donné à voir; une souche, un arbre, un corps, une ombre, une racine? L'innommable, ce qui échappe à notre reconnaissance de ces formes hybrides énigmatiques, se trouve à l'intérieur même du processus de mise en œuvre portant à leur paroxysme quelques spasmes viscéraux.

Qu'elles soient dissociées ou regroupées, autonomes ou pièces atmosphériques nous tendent judicieusement le piège de 1'asso-ciation libre. Ces clairs-obscurs à fluidité opaque donnent libre cours à l'interprétation narrative. Par conséquent, ces œuvres permettent la formation et le recouvrement anecdotiques, non pas aléatoires, de diptyques, triptyques et même de polyptyques. Ces motifs végétaux émergeant du néant évoquent les entrailles d'une terre secrète et infiniment prospère en mystères. Suzanne Boucher s'approprie les fruits de ce jardin obscur marqué des traits de l'impossible captation. Elle s'attaque au problème d'exhibition d'un dire toujours fuyant et à sa représentation. L'artiste nous convie à recevoir jusqu'en notre peau les marques de sa trajectoire. Notre regard est pris par le ventre.