Soutenir
MenuFermer

Programmation

Télétaxi

Installation vidéo dans un taxi

À première vue, le Télétaxi ne diffère pas des autres taxis circulant dans les rues de la ville, mais les passagers qui l'empruntent y découvrent un écran vidéo interactif à l'arrière du véhicule. Au hasard de leur trajet, les passagers-spectateurs visionnent de courtes animations et vidéos réalisées par 12 artistes.


Voir plus
Vernissage le vendredi 1er avril de 17h à 21h au square Viger (carré ouest)
Commissaire: Year01 avec l’appui du Centre de recherche urbaine de Montréal
Pour une visite, contactez Taxi Co-op Montréal au 514 725 9885 et demandez le véhicule #235

À première vue, le Télétaxi ne diffère pas des autres taxis circulant dans les rues de la ville, mais les passagers qui l'empruntent y découvrent un écran vidéo interactif à l'arrière du véhicule. Au hasard de leur trajet, les passagers-spectateurs visionnent de courtes animations et vidéos réalisées par 12 artistes. D’une durée variant entre 15 et 45 secondes, ces œuvres apparaissent lorsque le taxi croise une intersection particulière ou passe près d’un emplacement spécifique. Le dispositif de présentation des œuvres est relié à un système de positionnement géographique (GPS) pouvant situer géographiquement un véhicule. Le Télétaxi utilise cette technologie à des fins artistiques. Il se sert du GPS pour faire concorder l'apparition des œuvres avec les intersections que le taxi emprunte.

Les artistes participants ont créé des œuvres en fonction du contexte de la ville de Montréal (géographique, historique, social, politique ou autre). Ils ont choisi des lieux de la ville – intersections, parcs, commerces, édifices publics, lieux historiques, red light, quartier latin, etc. - et ont travaillé à partir de ceux-ci. Les travaux réalisés explorent des notions telles que la surveillance, la psychogéographie, le «mapping», l’architecture de l’information, la ville-jeu et les rapports entre le privé et le publique. Télétaxi propose une expérience artistique tout à fait inusitée au public montréalais. Il intègre l’art à la vie de tous les jours et permet ainsi une incursion de l'imaginaire dans le quotidien.

Le jour du vernissage, le Télétaxi sera à la disposition du public et fera l’aller retour gratuitement entre le square Viger et le circuit des œuvres à travers la ville. Par la suite, il sera possible de joindre ce taxi par téléphone ou de le héler par hasard dans la ville.


Fondé en 1996, Year 01 est un collectif d'artistes établi à Montréal et à Toronto. Il agit en tant que réseau de diffusion de la culture numérique et des nouveaux médias. Le collectif a réalisé plusieurs événements d’arts médiatiques dont Teletaxi Toronto (une exposition présentée dans le cadre de Tranz Tech International Media Art Biennial), Signal (une exposition d'art télématique), Transmedia 2002-Fifteen Seconds of Fame (une exposition d’art vidéo sur écrans extérieurs à Toronto) et plusieurs événements d’art web. (www.year01.com)


Myriam Yates (Montréal) a présenté son travail en photographie et en vidéo dans le cadre de différentes expositions individuelles et collectives, notamment à Gallery 44 (Toronto), à La Centrale et Skol et au Musée régional de Rimouski. En 2004 elle a participé à une résidence au Banff Centre sur la thématique Intra-nation.

Camille Turner (Toronto) est une artiste multidisciplinaire qui se consacre à l'installation interactive et à l'art textile. Elle a présenté son travail lors de nombreux événements internationaux dont la Biennale de Dakar. Elle vient tout juste de terminer une résidence de deux ans en tant qu'artiste, dans le studio de textile du centre Harbourfront, un complexe culturel et artistique de Toronto. Elle est membre du collectif Year 01.

Douglas Scholes (Montréal) travaille les objets et l’entretien principalement par le biais de l’installation. Il a exposé à CIRCA, à la Galerie Verticale, au MacLaren Art Center, à la Galerie d’art du Georgian College, à la Bau-XI Gallery, à TruckGallery, Trianon Gallery et à la Galerie d’art de l’Université de Lethbridge en Alberta. Il est membre du Centre de recherche urbaine de Montréal. www.crum.ca

Depuis plus de quinze ans, le parcours artistique d'Éric Raymond (Montréal) le mène dans les domaines de l'installation, de la vidéo, de l'art Web et de la robotique. Il a présenté son travail à travers le Canada et aux États-Unis. Il est professeur à l'école des arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal. www.eric-raymond.com

Valérie Lamontagne (Montréal) est artiste, critique d'art et commissaire. Elle a surtout réalisé des performances, des installations et des œuvres web. Son travail est régulièrement présenté depuis 1997, elle notamment exposé à Open Space Gallery (Victoria, 2003), Galerie Plein Sud (Longueuil, 2000); Hamilton Artists Inc. (Hamilton, 2000). Elle enseigne présentement au programme de Digital Image/Sound de l’Université Concordia.

Virginie Laganière (Montréal) poursuit une maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM. On a pu voir son travail (vidéographique, performances sonores et installations médiatiques) lors d’événements en art électronique organisé par Champ Libre, Perte de signal et Périphérique, et dans la cadre de collaborations chez AXENÉO7, Daïmon et à la Galerie de l’UQAM. 

Les installations de Patric Lacasse (Montréal) ont été présentées dans plusieurs expositions collectives. En 2002 il exposait en solo au centre de diffusion Skol. En 2003 il participait à la Manif d'art de Québec ainsi qu'au congrès international d'art performance SoToDo à Berlin. 

David Jhave Johnston (Montréal) est un poète multimédia. Il a exposé avec Symbiosis Collective, écrit et mis en scène du théâtre multimédia avec le collectif Unconscious Collective et enregistré du spoken word électronique pour le label ZOI. Il est fréquemment invité en tant qu'intervenant dans les conférences consacrées à l'art Web. Il est aussi membre du collectif Year01. www.glia.ca

Milutin Gubash (Saskatoon) a exposé à travers le Canada (Montréal, Toronto, Saskatoon, Edmonton, Vancouver) et à Helsinki, Finlande. En 2005 il présentera son travail en solo à la Gallery 44 (Toronto) et à VU (Québec) durant la Manif d’art de Québec. Il est présentement responsable du programme de photographie et d'images numériques de l'Université de la Saskatchewan.

Mario Côté (Montréal) Peinture, vidéo, photo et œuvre sonore sont au cœur de son travail. Il a participé à de nombreuses expositions au Canada et en Europe. Ses bandes vidéos sont régulièrement sélectionnées par des festivals internationaux se consacrant à la vidéo. Il est professeur à l'école des arts visuels et médiatiques de l'Université du Québec à Montréal.

Michael Alstad (Toronto) est un artiste, un conservateur et un concepteur graphique. Il a participé et coordonné plusieurs projets multimédia et in situ dont Transmedia (2000, 2002) et Teletaxi Toronto (2003). Son travail a été présenté dans des expositions et des festivals à Toronto, à Vancouver, à New York, à Londres, à Sao Paulo et à Graz (Autriche). Il est membre du collectif Year 01. http://www.year01.com/alstad

Les poètes participants: Martine Audet, Louise Dupré, Normand de Bellefeuille, Charles Guilbert, Cynthia Girard.


Présenté avec l'appui du Conseil des arts du Canada et de Taxi Co-op Montréal.

Year01 remercie le Conseil des arts du Canada, Patrimoine Canada et le Mobile Digital Commons Network, L'institut de recherche en arts et technologies médiatiques Hexagram (Biomachines), Éric Raymond et le Programme d'aide à la recherche-création de l'UQAM (PAFARC) pour le soutien financier de ce projet, les membres du Centre de recherche urbaine de Montréal (CRUM) et Jim Ruxton.


Rapport d'activité

21 mars au 21 juin 2005
Vernissage le vendredi 1er avril de 17h à 21h au square Viger (carré ouest)
Commissaire: Year Zero One avec l’appui du Centre de recherche urbaine de Montréal
Pour une visite, contactez Taxi Co-op Montréal au 514 725 9885 et demandez le véhicule #235

« Alors, on va où? » La question me prend par surprise. En fait, je ne vais nulle part. Je veux seulement faire un tour de Télétaxi. Même si j’ai bien étudié le plan sur le site Web de DARE-DARE, une fois assise dans le taxi, me voilà toute désorientée… Ça doit être le syndrome de la banquette arrière: la seule envie de se laisser guider. Arsène, le sympathique conducteur, me met tout de suite à l’aise. Il en a vu d’autres. Se contorsionnant pour voir l’écran tactile, il me montre les indications sur le plan de la ville. Grâce au système de GPS, de courtes bandes vidéo apparaîtront selon notre position géographique. Sur le plan, les zones activables sont représentées par des cercles de couleur identifiant chacun des artistes participant au projet. Il me propose un trajet qui nous permettra de percer, en une heure, le plus possible de ces bulles multicolores.

En route, direction nord. Nos latitudes et longitudes fluctuantes sont affichées en permanence au bas de l’écran. Autrement dit, nous sommes suivis. Dès que nous passons sous le viaduc Masson, un autre viaduc, filmé du même point de vue, passe à l’écran. Ou est-ce le même? Alors que mes yeux se rivent à l’image, le vrai viaduc passe au-dessus de ma tête et dans ma vision périphérique. Mon regard est happé par ce double travelling avant. La séquence est entrecoupée de pas sur un trottoir et d’une volée de pigeons. Tout se passe très vite. À peine ai-je eu le temps d’essayer de comprendre ce qui se passe que c’est déjà fini. Ma première expérience esthétique motorisée est fulgurante. Une injection poétique dans un paysage banal et familier.

Notre trajet se poursuit comme un road movie urbain où deux réalités se côtoient. Tandis que la cité et ses habitants défilent comme un long plan séquence à travers les vitres du véhicule, certains sites (intersections, bâtiments, passages, infrastructures) se révèlent en image dans les vidéos et les animations. Le regard de chaque artiste posé sur le lieu choisi diffère: tour à tour poétique, factuel, intimiste, voyeur, historique, personnel et humoristique. Certaines bandes s’ancrent dans le présent, d’autres se tournent vers le passé, ou nous transportent carrément ailleurs. Boulevard de Maisonneuve : incursions voyeuristes dans les habitations Jeanne-Mance. Boulevard René-Lévesque : caméra gravitant autour d’un couple qui s’embrasse sur un toit. Rue de Lanaudière: citation d’un poète qui habite sur cette rue. Autoroute Ville-Marie : plan fixe sur une roue qui se dégonfle à répétition. Échangeur Turcot : collage de vues multiples sur cette jungle de béton. Devant la gare Windsor : renseignements historiques sur la population noire qui y travaillait dans le passé. Boulevard Saint-Laurent : film d’archive d’une famille sur la route…

J’ai largement le temps de reprendre mon souffle entre les zones activables. Le territoire à couvrir est vaste et les séquences durent moins d’une minute. Je navigue donc sur l’écran tactile pour avoir un aperçu des projets. À l’arrêt, je compose du bout des doigts une œuvre abstraite qui disparaît dès que le véhicule se remet en mouvement. Arsène et moi profitons des entre-deux pour discuter de nos visions du Télétaxi. Il aimerait qu’on y affiche de la publicité, sans aucun doute plus rentable que les projets artistiques. «Et des interventions artistiques en permanence dans votre taxi, ça vous plairait?» Il est d’accord, dans la mesure où les clients auraient le choix de les regarder ou non...

Son commentaire me laisse perplexe. On aura beau développer toutes les stratégies imaginables pour rendre l’art contemporain accessible au public, le surprendre, le rejoindre dans son quotidien là où il s’y attend le moins, la publicité reste la championne incontestable dans ce domaine. Comme Télétaxi utilise un dispositif conçu pour la publicité, Arsène a d’ailleurs observé une certaine réticence chez les clients à son contact. Dès qu’il leur explique la nature artistique du projet, ceux-ci se détendent. Il n’est pas sans apprécier le fait que, concentrés sur l’écran, ils oublient de regarder le compteur et de surveiller sa conduite, devenant du coup plus patients et plus courtois. Les relations conducteur-passager ne s’en portent que mieux. Aurait-on inventé une nouvelle forme de thérapie par l’art contre la rage au volant ?

C’est sur ces réflexions que ma course se termine à bord de la galerie ambulante. Nous avons bouclé la boucle sans avoir vu toutes les œuvres. Ce n’est que partie remise. Je devrai toutefois m’armer de patience, car chez Taxi Co-op, la voiture 235 est fort sollicitée ces temps-ci. Avis aux voyageurs sans destination...

Manon De Pauw, mai 2005