Programmation

Avec son exposition intitulée If I Told You Once, I Told You A Million Times, l’artiste albertain Trevor Mahovsky proposait un corpus de quelque 2000 dessins de formats variés, regroupés sous forme d’installations murales. Exécutés à l'encre sur papier brouillon, ces dessins reposaient, selon les mots de l’artiste, sur une méthode de travail irrationnelle, obsessive et arbitraire.

La série présentée chez DARE-DARE était extraite d’un énorme «volume» de travail inauguré en juin 1993. Ces dessins correspondaient un peu à un journal intime, dans la mesure où ils sont le résultat de griffonages impulsifs, quotidiens, dénués d’intention artistique spécifique quoique dictés par la volonté de traduire à travers leur contenu humoristique et ironique «la joie névrosée d’une production quotidienne». L’éventail des sujets qu’ils évoquaient est aussi étendu que l’espace qu’ils meublent sur les murs, ceux-ci allant, mentionne l’artiste, de sa voiture de modèle Pontiac Acadian à James Joyce... Il en résultait une collection de croquis sur des supports hétéroclites, souvent teintés d’humour noir, et de facture sensiblement insouciante.

L’installation des dessins sur les murs témoignait d’une organisation de l’information qu’ils contiennent. Mahovsky les regroupait en des grilles de différents formats, le plus étendu faisant sept pieds sur trente. L’artiste établissait des fiches de travail sur lesquelles il consigne diverses données documentaires de ses pièces: titre, date, format, médium, exposition, collection et numéro. À travers ces démarches conjuguées de la compulsion des croquis et de l’annotation systématique s’esquissait le projet d’établir une continuité entre les centaines de fragments de ce journal de bord sans fin.